After gitan
Des airs de salsa résonnent dans les hauts-parleurs, la tireuse vient à bout de son dernier fût. Sur le bitume, seuls les gobelets écrasés dansent sous les coups de pieds des passants. Sur la scène, on enroule les câbles. Des groupes discutent par-ci par-là, quelques enfants veillés tard courent leur dernier chat. Sous l’éclairage jaune des lampadaires, il flotte dans l’air une odeur de bière tiède et une lassitude de fin de soirée.
Déçues, une quinzaine de personnes, venues après la projection du festival Visa pour l’image, tournent déjà les talons: la fête promise est en fait déjà finie. Direction le Café de la poste où les club sandwichs, au moins, ne font jamais défaut.
Il est tout sec, pas bien grand, mais son port est droit et sa voix ferme. Le petit vieux planté sur sa chaise est allé chercher sa guitare, et maintenant il chante. Subitement, il attire tous les regards et un cercle se forme autour de lui. Les vieux au centre, les jeunes et les étrangers à l’extérieur. D’autres l’accompagnent ou frappent des mains. Certains assistent à la scène avec respect, d’autres avec curiosité. Les appareils photo et les smartphones commencent à sortir pour fixer la scène.
Une jeune femme, la seule restée sur la place ou presque, se ménage un chemin au centre du cercle et commence à danser. Elle se fera prier et disparaîtra au bout de seulement quelques minutes. La guitare passe entre de nouvelles mains, un jeune prend le relai. Son chant est beau mais c’est une plainte, il lui manque l’assurance des années. Même lorsqu’elle ne fait que l’accompagner, la voix du petit vieux la recouvre de sa puissance contenue, force et colère.
Finalement ils l’auront eue, leur fête gitane.
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